Bègles, "sur tous les fronts"

Dans son numéro de mars-avril 2016, le bimensuel municipal #Bègles (le village urbain) nous autorise les plus grands espoirs. La page de garde titre rien moins que : "Tout pour l'emploi, l'assemblée citoyenne béglaise, lecture pour tous".

Tout pour l'emploi, donc! Mais qu'en est-il excatement? Il s'agit ni moins (mais aussi ni plus) que du regroupement sur le site de Terres Neuves des organismes et structures qui concourent à la formation, à la réinsertion et à l'emploi. Noël Mamère se félicite de "la mise en oeuvre de synergies qui vont permettre d'améliorer nos performances ...", phrase sans soute sortie du contexte de l'éditorial de notre maire, mais qui est révélatrice de sa propension à prendre les vessies pour des lanternes. N'incriminons ni Pôle Emploi, ni le PLIE, ni ... lesquels, chacun dans son domaine de compétence, s'évertuent à apporter leur pierre à l'édifice, mais, de grâce, cessez, monsieur le maire, de nous faire croire que la ville de Bègles fait tout pour l'emploi!  A mal nommer les choses on finit par se prendre les pieds dans le tapis. En effet, il n'est pas inutile de rappeler, en ce pays aux mains de la hollandie, quelques six millions de personnes sont sans emploi. Il n'est pas inutile de rappeler que l'actuel président s'était engagé à inverser la courbe du chômage avant fin 2013. Il n'est pas inutile non plus de rappeler que presque un million d'emplois ont été détruits depuis l'avènement de l'actuel président.

Ces données sont nationales m'objecterez-vous, certes, mais Noël Mamère fait partie de la coalition qui a porté François Hollande au pouvoir et qui, en dépit des points de friction, n'a cessé de l'assurer de son soutien. Il est donc particulièrement cynique, ou désinvolte, de prétendre que Bègles fait "tout pour l"emploi", alors même que le chômage gagne les jeunes diplômés et que les quelques rares embauches réalisées sont avant tout des CDD! Le regroupement, à Terres Neuves, d'organismes dont la vocation est, non pas de créer de l'emploi, mais de faciliter l'accès aux emplois créés, ne change pas grand chose à la situation lorsque le pays est dans un tel marasme que plus un entrepreneur ne veut prendre le risque de créer de l'emploi!

"Lecture pour tous!" nous promet encore #Bègles. "Le conseil municipal a pris une décision forte en instaurant la gratuité à la bibliothèque", rien que cela! Comme si la gratuité était le sésame qui ouvrirait, grand, les portes des bibliothèques aux bataillons de collégiens que trente ans de renoncements et d'hypocrisies ont soustrait aux exigences du mérite et de l'excellence. A l'heure du numérique et de la démagogie égalitaire, nos collégiens, pour un grand nombre, ne savent plus lire parce que les maîtres (pardon, le personnel pédagogique) ont renoncé à le leur apprendre. Ils ont cessé de le faire parce que, notamment, une idéologie -stupide, issue de la déconstruction structuraliste-- a présenté les élèves comme des "sachants" qu'il suffisait de révéler à eux-mêmes. Parce que l'éducation nationale s'est lentement transformée en bras armé d'un pouvoir pour qui il était plus important d'apprendre aux élèves à na pas discriminer plutôt que de leur apprendre deux et deux font quatre! Aussi cette "lecture pour tous!" intervient-elle comme un voeu pieux, une chimère. Et la gratuité, de surcroît, risque fort d'être contre-productive en ce que, précisément, elle donnera le sentiment qu'on peut avoir les livres - vecteurs de culture - pour rien, gratuitement.

" Assemblée citoyenne béglaise", enfin! #Bégles fait allusion à la démarche participative "Vers Bègles 2030", au sein de laquelle les béglais se seraient exprimés, ainsi qu'à ses suites. Quelques béglais, sans doute, se sont exprimés dans le cadre de groupes de travail aux thèmes préparés, conduits par des animateurs qui avaient les bonnes réponses. Nous sommes loin de la démarche référendaire où la question est claire et le vote, massif! Sauf erreur de notre part, nous ne croyons pas que les béglais participent aux orientations budgétaires. Nous ne croyons pas qu'ils participent aux orientations du PLU (plan local d'urbanisme) lequel définit le visage des futurs quartiers dont les béglais ne semblent se féliciter ni de la densité (beaucoup trop de monde au même endroit) ni de la qualité des bâtis. Nous ne croyons pas du reste que les gens comprennent goutte à des phrases comme celles-ci: "les engagements pris par les différents acteurs portent sur la valorisation de l'expertise d'usage, pour que l'habitant puisse être acteur de l'action publique, en veillant à favoriser la montée en compétence de l'ensemble des parties prenantes de la vie communale". Quelqu'un peut-il nous expliquer?

Quant aux attentats qui ont frappé notre pays en janvier 2015 (Charlie) puis en novembre 2015 (Bataclan), si bien sûr ils se sont produits "loin" de Bégles, il serait faux de dire que notre "village urbain" n'est en rien concerné, mais de cela #Bégles ne fait nulle allusion, comme si nul attentat ne s'était produit et que nulle menace ne subsiste! 

Aussi, les trois thèmes développés dans cette livraison de #Bègles ne manquent-ils pas de laisser pantois et installent un peu plus le sentiment que le bimensuel - sur papier glacé s'il vous plait, comme dans les communes opulentes - communal est avant tout destiné à communiquer sur des politiques dont il (le bimensuel) se garde de tenir les (é)lecteurs informés des effets véritables. Noël Mamère conclue son édito par ces mots: "Bègles, ville ouverte; Bègles ville solidaire; Bègles ville citoyenne".

Mais, forts de notre propension à ne pas croire tout ce qu'on nous dit, nous avons lu: "Bègles ville couverte (de promesses); Bègles ville solitaire (en queue de peloton); Bègles ville mitoyenne (sans horizon)"!