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Béglais ce qu'on ne vous dit pas
13 mai 2015

De Moscou à Cuba, en passant par Londres, Athènes et Le Pen

 

Très chers concitoyens

ubu

 

Bègles, le village urbain, ronronne de son doux ronronnement, comme tente de vous le faire accroire notre majorité municipale, sourire aux lèvres et  « pompe à phynances » (NB) dans les mains. Les quelques rares friches urbaines de Bègles offrent leurs terrains vagues aux grues et aux chantiers, comme si le village urbain avait horreur de l’espace, de même que la nature a horreur du vide. Bientôt il ne restera plus un arpent qui n’ait reçu ses dalles de béton et ses implants de terre végétale et, chers concitoyens, nous y »schroumpferons » comme des bienheureux en chantant les louanges de saint Mamère.

Hélas, le vaste monde a l’outrecuidance de continuer à tourner, Eppur si muove, comme dirait Galilée.  Ainsi le monde tourne-t-il à Moscou. A l’occasion du 70ème anniversaire de la célébration de la fin de la seconde guerre mondiale, Poutine aura-t-il organisé une gigantesque démonstration de force. Les chefs d’état occidentaux, invités, ont tous décliné, pour cause de conflit ukrainien … à moins qu’il ne s’agisse d’un défaut de réalisme politique. Poutine joue certes un jeu ambigu en Ukraine mais, sur l’échiquier géostratégique où monte la menace islamiste est-il un ennemi ou un allié ?

Le monde tourne encore à Londres où, déjouant tous les sondages, le conservateur David Cameron emporte haut la main les élections législatives. Aussitôt la presse hexagonale s’empresse de mettre en épingle deux « poils à gratter » britanniques : la menace d’un référendum quant au maintien dans l’Europe et un taux de pauvreté plus élevé qu’en France. Certes, le taux de pauvreté est élevé et le déficit budgétaire supérieure à 5%, mais le UK connait une croissance supérieure à 2%, sa balance commerciale est excédentaire, il crée de la richesse et, donc, la pauvreté reculera. C’est ce qu’ont compris les rosbeefs, lesquels ont renouvelé leur confiance à l’austère Cameron, tandis que les froggys (nous) continuent d’accorder crédit au premier bateleur d’estrade qui leur promet de raser gratis. Pragmatisme outre-Chanel, dogmatisme de ce côté-ci de la Manche ! Quant au référendum, les rosbeefs n’ont jamais mis tous leurs œufs dans le même panier, ils ont gardé des marges de manœuvre souveraines tandis que nous autres nous voyons contraints de porter à bout de bras une Europe que nous ne cessons de trahir en refusant d’honorer nos engagements.

Des engagements que la Grèce menacée de banqueroute ne cesse de trahir elle-aussi. L’arrivée au pouvoir du populisme de Syrisa, en janvier dernier, a ruiné les efforts, certes timides, que son prédécesseur avait engagés, et la question de sa sortie de l’Europe est plus que jamais posée. Pour nous autres, chers concitoyens, n’en déplaise à Mélenchon qui voyait alors en Tsipras un nouveau Messie, l’alternative se pose en ces termes : ou la Grèce sort de l’Europe et nous perdons des créances de l’ordre de 50 milliards d’euros, ou la Grèce reste dans l’Europe et nous allégeons sa dette d’une dizaine de milliards, mais sans avoir la certitude que les comptes grecs se redressent une bonne fois pour toutes. Nous naviguons une fois de plus entre Charybde et Scylla, ces deux monstres marins de la mythologie grecque.

La tragédie grecque s’installe encore au sein du clan le Pen, d’où nous parviennent vacarme, imprécations, bruits de vaisselle cassée, excommunications et reniements. La fille est lassée des petites phrases du père et menace de mettre celui-ci à l’hospice. Le père est outré par ce qu’il considère comme une trahison ou un parricide de la part de la fille. Les masques tombent et derrière les sourires apparaissent les vrais visages. Jean Marie Le Pen éructe son homophobie viscérale tandis que l’impayable Mélenchon, en félicitant Philippot d’avoir « viré Le Pen père », démontre qu’entre le parti de la fille et lui-même il n’y a désormais presque plus de différence. Quant à la gauche vitupérante, elle pousse un grand soupir de soulagement : la vigueur du vieux lion Le Pen lui garantit, sur la scène politique, la permanence d’un bouc émissaire sans lequel elle n’aurait plus de raison d’invoquer « les heures plus sombres » à tout bout de champ (et peut-être plus de raison d’exister non plus) !

Bref, chers concitoyens, vous l’avez compris, il y a le feu au lac en Europe, il y a le feu au lac des finances de la France (menacée par la banqueroute grecque), il y a le feu au lac en Méditerranée, où des migrants de plus en plus nombreux voguent vers l’Europe où ils voient un illusoire eldorado. Il y a le feu au lac de l’emploi français, mais le débonnaire président François Hollande s’en va aux Antilles, faire le pitre à Pointes, en faisant un petit détour à Cuba pour figurer sur une photo dont nos enfants et petits-enfants diront : « c’est qui le gus à côté de Fidel Castro » !

Parvenus à ce point de notre billet, nous éprouvons, chers concitoyens, quelques remords car nous aurions aimé être porteurs de bonnes nouvelles. Hélas, vous voyez bien ce qu’il en est. Cependant, la lucidité sera la pierre angulaire de notre redressement et nous espérons y avoir un tant soit peu contribué !

 

 

NB:       Il est fait mention de la « pompe à phynance » dans la célèbre pièce d’Alfred Jarry : Ubu roi, laquelle est une préfiguration, théâtrale et burlesque, de ce que seront les totalitarismes du XXème siècle. Généralement associée à la machine à décerveler, elle permet au dictateur Ubu d’asseoir son pouvoir en pompant de plus en plus d’impôts à des sujets qui ont de moins en moins de cervelle. L’invocation d’Ubu Roi pour illustrer les pratiques fiscales en cours à Bègles n’est pas totalement usurpée.

 

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